Quid sit lumen

En 1476, Marsilio Ficino écrit dans sa villa toscane de Celano un petit ouvrage de méditation sur la nature et la genèse du monde visible.

Il l’intitule Quid sit lumen.
Littéralement : Ce qu’il en est de la lumière.
C’est en quelque sorte la première version du De lumine qu’il publiera en 1492.

Marsilio Ficino demande :

Comment se fait-il que rien ne soit plus obscur que la lumière, quand il n’y a pourtant rien de plus clair, puisqu’elle élucide et fait connaître clairement toutes choses ?

Il note que si la lumière nous permet de voir les choses, nous ne la voyons jamais en elle-même.
Elle n’est pas accessible aux sens.
Elle n’est pas accessible à la perception.
Et pourtant, elle rend possible la perception du monde, des objets, des couleurs.

La lumière n’appartient pas à l’ordre du visible.

S’il veut comprendre ce qu’est la lumière, Marsilio Ficino sait qu’il ne peut pas s’en remettre à ce qu’il voit :

Ne te fie pas aux sens, ô ma raison !

Formidable intuition d’un homme dont les préoccupations ne sont guère scientifiques mais plutôt théologiques.
Formidable intuition qui va pourtant marquer de façon indélébile toutes les théories à venir de la lumière.

Cristofano dell'Altissimo, Portrait de Marsilio Ficino, après 1552.

Cristofano dell’Altissimo,
Portrait de Marsilio Ficino, après 1552.